Par Jean-Loup Izambert et Claude Janvier
Voici une interview sans langues de bois autour du livre « L' Abandon Français. Quelque chose de pourri dans mon royaume de France », qui vient d'être publié aux Éditions Jean-Cyrille Godefroy. Auteurs : Jean-Loup Izambert et Claude Janvier. Préface de Jean-Luc Pujo, président des clubs Penser la France.
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Pourquoi avoir voulu écrire sur l'état de la France ?
Jean-Loup Izambert et Claude Janvier. Cela fait quatre ans que nous avons commencé l'écriture de ce manuscrit. L'amoncellement des preuves de la destruction progressive de la France et de ses valeurs, au profit d'une américanisation de la société méritait un travail de recherche approfondie. Au fur et à mesure de notre enquête, nous nous sommes aperçus que la désintégration de notre pays est bien plus avancée que nous l'avions imaginé.
Les causes de ce déclin sont multiples, mais il faut constater que les politiques menées par les différents gouvernements depuis des décennies ont, à la manière des sapeurs, miné nos fondements, nos valeurs, nos industries, notre culture et ont fini par aboutir à la crise sociale et au déclin de la France dans le monde entier. Notre souveraineté a volé en éclats à la manière de feu le paquebot « France » qui a été démantelé dans un obscur port à l'autre bout de la planète, et réduit à l'état de copeaux métalliques.
L'omniprésence de l'anglais, la langue de l'occupant, dans la vie quotidienne des Français est visible. Dans les publicités sur Internet, dans les affiches du métro parisien, dans les abribus, dans l'alimentation, la mode, la culture, les multinationales, la recherche et l'enseignement, le globish franco-anglais est incontournable. En exemple, une affiche récente dans un abribus représentait deux personnes en train de siroter un Ricard. En légende : « Le Ricard ! Born in Marseille ». Molière doit se retourner dans sa tombe.
Cette adoption, à marches forcées, de l'anglais comme langue unique imposée par l'Union européenne entraîne automatiquement l'adhésion aux principes et aux valeurs sécrétés par la culture qu'elle sous-tend. Comme le rappelle l'universitaire Charles Xavier Durand dont nous rapportons des extraits de ses travaux, « elle sert de facto les intérêts des pays pour lesquels elle est aussi langue nationale ».
Vous pointez du doigt l'invasion de ce que vous appelez la « chimbouffe ». Pourquoi ?
J-L.I et C.J. L'agriculture dans l'UE n'est plus que l'ombre d'elle-même. Depuis la fondation de l'Union européenne, les agriculteurs et les éleveurs ont assisté, impuissants, à la ratification du CETA, du JETA, d'accords spéciaux avec la Nouvelle-Zélande, à l'invasion depuis 2022 des poulets ukrainiens – franchissant les frontières de l'UE sans contrôles sanitaires ni droits de douane sous des prétextes fallacieux -, et récemment le MERCOSUR. En revanche, les éleveurs français de palmipèdes croulent sous des contrôles vétérinaires incessants, leur ordonnant, souvent, d'abattre leur cheptel sous de soi-disant prétextes sanitaires.
La « chimbouffe » ou « bouffe chimique » conçue souvent dans des laboratoires où les adjuvants et produits de synthèse règnent en maître, est omniprésente dans les supermarchés, les restaurants scolaires, les hôpitaux, les cliniques et les institutions. Malheureusement, cette « nourriture » devient de plus en plus frelatée. La liste est longue et non exhaustive : du Benzène détectées dans des bouteilles de Perrier, – merci Nestlé – ; des millions de produits alimentaires à base de viande transformée rappelés ; la présence de farines animales interdites – à l'origine de l'ESB (maladie de la vache folle)- ; des millions de poulets contaminés par de la dioxine – un polluant hautement cancérigène – ; des œufs contaminés avec l'insecticide Fipronil ; de la viande de cheval achetée en Roumanie et stockée aux Pays-Bas par un intermédiaire chypriote utilisée à la place de la viande de bœuf dans 4,5 millions de plats cuisinés ; des pains de viande et des lasagnes « pur bœuf » à base de viande frauduleuse ; et pour finir des milliers de tartelettes infectées de matière fécale dans les magasins IKEA. On finit par se demander s'il faut encore avoir confiance dans les grands groupes agro-alimentaires.
Vous allez, dans votre ouvrage, à contre-courant des « bienfaits » que l'UE nous aurait apporté. Pourquoi ?
J-L.I et C.J. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. 1996 : plus ou moins 26 millions de pauvres étaient enregistrés dans l'UE. Aujourd'hui, nous en sommes à plus de 120 millions.
En 2022, en France, près de 5,5 millions de personnes, sont confrontées à des difficultés pour se nourrir correctement. 9,1 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit 14,5 % de la population française. 33,2 % des inactifs dont les étudiants survivent en dessous du seuil de pauvreté ainsi que 10,9 % des retraités et 20,6 % des enfants de moins de 18 ans en 2021.
La précarité alimentaire ne se limite pas aux personnes sans emploi ou vivant en dessous du seuil de pauvreté. De nombreux travailleurs à faible revenu, les étudiants et les personnes âgées en sont victimes.
Voici les « bons » résultats des technocrates aux commandes de l'UE et aux ordres de la finance mondiale anglo-saxonne. Le pillage et la paupérisation sont en mode turbo !
Vous évoquez la montée d'un lobby pernicieux, à savoir le LGBTQ+ et la GPA.
J-L.I et C.J. D'abord évoquons la création de Samantha, qui est une femme robot sexuel. Le nec plus ultra puisque Samantha est un robot intelligent bardé de capteurs, doté d'un point G, comme l'indiquait son créateur, Sergi Santos », explique Yohan Demeure, journaliste scientifique de Science Post. Commercialisée à Londres depuis l'été 2017, Samantha suscite désormais une forte demande.
Ainsi, Sergi Santos cherche à produire son robot en masse pour répondre aux attentes de « consommateurs », précise-t-il. Nous voici donc entrés dans l'ère occidentale des consommateurs de point G. Les transgenres et les autres « Mogai », – plus inclusifs que LGBTQ+ -, qui, comme chacun ne le sait pas toujours, signifient « Orientations et identités de genre marginalisées et intersexes », vont très certainement se ruer sur Samantha, mais pas que. Les Vegan aussi, puisque Samantha est un robot à la peau artificielle en hydrogel bourré de capteurs.
Samantha décidera de s'envoyer en l'air ou pas. Car, précise notre confrère, disposant déjà d'un mode "sexy" et d'un mode "famille", Samantha devra bientôt être équipée d'un "code moral", c'est-à-dire que celle-ci sera plus "excitée" par une personne qui la traitera avec respect. Paire de baffes et défoulements exclus sur Samantha. Les sadomasochistes vont bouder.
Déjà capable de communiquer et d'avoir des orgasmes, le robot sera en mesure de jauger le caractère et la façon d'être de son propriétaire.
L'avenir s'annonce vraiment « joyeux » et plein de surprises puisque dans son reportage Yohan Demeure indique également que « Sergi Santos a également déclaré avoir imaginé un système permettant à un être humain de se reproduire avec un robot. »
Un vrai coup dur pour les loueurs de ventres de femmes spécialisés en Gestation pour autrui (GPA) qui font des enfants de simples objets vendus par contrats !
Votre vision est assez noire mais réaliste. Une note d'espoir ?
J-L.I et CJ. Notre constat est celui du délabrement continu de la France. Il y a effectivement de quoi être pessimiste, mais nous décrivons la réalité en nous appuyant sur des sources officielles parfois peu connues. Cette situation est le résultat des politiques qui se succèdent depuis le début des années 1970 sous la direction de politiciens domestiques de l'oligarchie financière « made in USA »
Fidel Castro, en 1992, déclarait : « La guerre prochaine sera en Europe entre la Russie et le fascisme sauf que le fascisme sera appelé démocratie. » Prémonitoire, car il suffit de faire le bilan des 75 années d'Europe supranationale pour le constater.
Georges Bernanos, dans un essai publié en 1947, estimait que « …le machinisme limite la liberté des hommes, et perturbe jusqu'à leur mode de pensée… » Pour lui, « …la civilisation française est incompatible avec une certaine idolâtrie anglo-saxonne pour le monde de la technique… » Il avait, ô combien, totalement raison.
En conclusion de notre entretien, cet extrait de son essai, « La liberté, pourquoi faire ? », nous montre urgemment la direction à suivre : « L'avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l'avenir, on le fait ».
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Jean-Loup Izambert : journaliste professionnel exerce en indépendant depuis 1990 l'investigation à long terme sur des sujets d'actualité. Spécialisé sur les secteurs de la grande finance, de l'économie et de la politique, plusieurs de ses ouvrages mettant en cause des personnalités et des institutions ont défrayé la chronique.
Claude Janvier : écrivain essayiste, analyste politique, et auteur d'ouvrages sur les relations entre la politique et la grande finance. Connu pour ses « coups de gueule », il intervient sur de nombreux médias libres, dont la revue de presse tous les lundis matin sur GPTV, anime l'émission « Libres Paroles » sur TV ADP, et est partenaire de nombreux blogs et sites d'information.
Découvrir l'ouvrage sur editionsjcgodefroy.fr
Contact médias : +33 (0) 6 03 21 37 47 et @ : email protected
L'abandon français : ISBN 978-2-86553-335-0 – Parution : 11 février 2025 – Prix : 22 € TTC – 320 pages
La source originale de cet article est Mondialisation.ca
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